EXCLUSIVITÉ NUMISMATIQUE : 1/3 STATÈRE D’OR

La société Godot et Fils a récemment acquis une monnaie antique carthaginoise dont il convient aujourd’hui de s’intéresser. Il s’agit d’un tiers de statère d’or.

La monnaie présente à son avers la tête de Nikè à gauche, à son revers, on peut voir un cheval galopant à droite. Pour ce qui est de ses caractéristiques, elle pèse 3,39 grammes pour un diamètre de 15 millimètres. Cette dernière reprend les types classiques du monnayage de Carthage avec néanmoins quelques modifications.

Il est intéressant de remarquer que la monnaie dont nous faisons l’étude représente à son avers non pas Tanit (la déesse principale de Carthage), mais Nikè, la déesse personnifiant la victoire. Pourquoi ce choix de représentation ?

Ce n’est pas anodin puisque cette utilisation de la divinité sur les monnaies indique les volontés d’agrandissement de Carthage et sa soif de victoire.

C’est une manière de s’attirer les bienfaits et la protection de la guerre.

La numismatique Grecque n’est pas avare des portraits d’Athéna, on la rencontre très fréquemment sur les monnaies d’argent, d’Athènes bien sûr, mais aussi sur beaucoup de monnaies de toutes ces cités.

Le cheval, debout galopant à la même signification que la tête de cheval que l’on retrouve sur des monnaies carthaginoises contemporaines. Ce dernier fait référence à la fondation légendaire de Carthage, selon laquelle une tête de cheval fut découverte dans le sol interprété comme un présage de Junon (l’équivalent de Tanit), c’est la reine des dieux, protectrice du mariage et de la fécondité.

Le contexte historique s’inscrit dans celui des guerres puniques, une série d’affrontement qui a opposé Rome à Carthage une cité antique de l’actuelle Tunisie entre 264 et 149 avant J-C. La cause initiale de ces conflits est le heurt de deux puissances pour le contrôle de la Sicile.

Au terme de la première guerre punique Rome inflige aux Carthaginois une lourde défaite et humilie son adversaire en lui imposant des pertes territoriales importantes et un lourd tribut à payer.

Carthage n’entend pas en rester là et se tourne vers la conquête de l’Espagne qui vise à lui fournir des richesses et des guerriers. C’est dans ce contexte qu’intervient la seconde guerre punique. La monnaie qui nous intéresse aujourd’hui a vraisemblablement été frappée lors de cet épisode historique entre – 218 et – 202 av. J-C. dans la péninsule ibérique. 

Cette monnaie a été frappée pour des impératifs militaires et pour financer la guerre des Carthaginois en Espagne. De manière générale, il faut rappeler qu’un grand nombre de monnayages ont été créés pour payer la solde des troupes.

À l’image des monnaies carthaginoises, le monnayage de la présente monnaie se caractérise par l’absence d’inscriptions, on parle d’avers ou de revers anépigraphe en numismatique.

Cette particularité tout comme l’uniformité de ce type de monnayage rend difficile la distinction nette des éléments de ce monnayage en tout point de vue (chronologique notamment) une chose est sûre, c’est que le style carthaginois se distingue clairement d’un style grec. Cependant, malgré une apparence si typiquement grecque, il s’agit d’une production caractéristique du monnayage « hispano-punique ».

Sous cette appellation savante, se cache une réalité historique complexe, qui n’a été défini qu’assez récemment par les chercheurs : pour faciliter les échanges commerciaux régionaux, les colonies puniques de Sicile d’abord, puis Carthage elle-même, ont battu monnaie en prenant pour modèles les productions de leurs voisines grecques.

Article rédigé par Erwan Ponty, numismate pour Godot & Fils Vivienne et membre de la Société Française de Numismatique, originalement publié sur cette page.

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